Installé à Harlem, quartier nord de Manhattan, Malcolm Little va se livrer à des trafics en tout genre : vente de marijuana, consommation et vente de cocaïne, hold-ups... Rapidement, on le surnomme “Detroit Red”, en raison de la couleur de ses cheveux qui tire vers le roux.

La drogue est omniprésente dans sa vie. A la manière d’un exutoire, elle lui permet de supporter la pression des ses activités

La drogue était maintenant l’essentiel de ma vie. J’en étais au stade où j’absorbais quotidiennement assez de came (cigarettes, ou cocaïne, ou les deux) pour être au-delà de toute espèce d’inquiétude, de tension.

Et, si jamais quelques soucis me parvenaient, malgré tout, à la surface de ma conscience, il s’en allait flotter ailleurs jusqu’au lendemain,

et le lendemain jusqu’au surlendemain.

Mais je n’arrivais que difficilement, maintenant, à me droguer sans que ça se voit

Malcolm X

Débrouillard et ingénieux, Red devient expert en cambriolage. Il monte une petite équipe avec deux amis Noirs et deux soeurs Blanches rencontrées dans un dancing. Aucune propriété des beaux quartiers ne leur résiste.

Loin de revendiquer la Black Pride (la “fierté noire”) il adopte au contraire les codes vestimentaires et physiques des Latinos et des Blancs de l’époque : cheveux défrisés, tentatives de blanchiment de peau…

Comme les centaines de milliers de péquenots noirs qui étaient venus avant moi dans les ghettos noirs du Nord, et comme tous ceux qui y sont venus, je parlai bientôt l'argot comme si j'y étais né, et je m'affublai de conk et de l'alcool, de la marijuana, tout cela pour effacer mes antécédents paysans. Mais j'avais encore une tare secrète : je ne savais pas danser.

Malcolm X

Il a tout juste 21 ans quand il se fait condamner à dix ans de prison, en 1946, trahit par une très belle montre dérobée que Red donne à réparer et dont le propriétaire a signalé le vol

J'avais donné à réparer une montre volée. Deux jours après, je m'en fus la chercher [...] J'appris par la suite que le propriétaire de la montre avait indiqué la réparation dont elle avait besoin. Tous les horlogers de Boston étaient alertés

Malcolm X

Habituellement, les cambrioleurs sont condamnés à deux ans quand ils se font prendre pour la première fois. Mais son crime ne se limitait pas au vol de la classe bourgeoise. Comme lui dira son avocat commis d’office : “Vous n’aviez pas à fréquenter des Blanches ! ”

J'appris, entre autres, qu'on condamnait les cambrioleurs à deux ans quand c'était pour la première fois. Mais nous ne devions pas nous en tirer à si bon compte. Pas nous. Pas pour notre crime.

Malcolm X

Le Malcolm incarcéré n’a alors jamais voulu entendre parler de religion. Ses compagnons de cellule l’appellent bientôt Satan, à cause de sa haine envers la religion et envers Dieu.

“Je me considérais comme étant au-delà de l’athéisme : j’étais Satan”

I preferred the solitary that this behavior brought me. I would pace for hours like a caged leopard,
viciously cursing aloud to myself. And my favorite targets were the Bible and God. But there was
a legal limit to how much time one could be kept in solitary. Eventually, the men in the cellblock
had a name for me: "Satan." Because of my antireligious attitude.

Malcolm X

La rue a tout effacé de ce qu’il avait appris à l’école. Durant un an, Malcolm reprend les bases de son instruction, en s’inscrivant à des cours par correspondance et en participant à de nombreux débats. Afin d’améliorer son vocabulaire, il se procure un dictionnaire et recopie tous les mots.

La lettre A avait rempli ma tablette entière, j'ai donc recopier tous les mots de la lettre B. C'est ainsi que je commencé à copier ce qui a fini par devenir l'ensemble du dictionnaire.

Entre ce que j'ai écrit sur ma tablette, et en écrivant des lettres, au cours de

reste de mon temps en prison je suppose que j'ai écrit un million de mots.

Malcolm X

C’est derrière les barreaux qu’il commence à développer sa soif de connaissance qui le fait dévorer les livres de la bibliothèque, jours et nuits : histoire, philosophie, rhétorique… Parmi ses lectures, on trouve Schopenhauer, Kant, Nietzsche ou encore Spinoza

Les lectures de Malcolm X en prison

Je comprends maintenant que la lecture éveilla en moi le désir profond, latent, de vivre intellectuellement. Je n’aspirais à aucun diplôme. Autodidacte, je m’apercevais, un peu plus avec chaque livre, que le Noir américain était sourd-muet et aveugle.

A mon arrivée en prison, j’avais une excellente vision : dix sur dix. Mais à mon retour à Charleston, j’avais tellement lu à la lueur du corridor que j’étais devenu astigmate. On me donna alors des lunettes ; je n’ai cessé d’en porter depuis.

Malcolm X

A la fin du 19ème siècle New York vit l'arrivée de milliers de noirs fuyant la discrimination des Etats du sud. Cette nouvelle population d'immigrants alla s'installer à harlem où les loyers étaient plus accessibles et parce qu'ils étaient rejetés des autres quartiers de Manhattan.

La nuit, les clubs donnaient des spectacles de jazz avec les plus grands artistes de ce genre musical, mais ils servaient bien souvent de tripots clandestins de jeu ou de vente d'alcool du temps de la prohibition. Les gangs afro-américains s'affrontaient alors avec les mafias italiennes pour dominer le quartier.

Durant de nombreuses années harlem allait être assimilé à un ghetto peuplé par une population noire et portoricaine confrontée au chômage, à la misère et à la violence. La délinquance y étant très élevée, de nombreux commerces ferment leurs portes, laissant certains secteurs abandonnés et en état de délabrements. Cependant, si les gangs dominaient Harlem, de nombreuses associations et églises se développèrent permettant aux noirs d'affirmer leur identité.

Poppin sur l'icone d'info avec texte et image

Malcolm X reviendra plus tard dessus, il expliquera que le soi-disant Negro qu’il etait a appris à haïr son héritage africain, mais l'indépendance de l'Afrique va changer la perception des gens d'eux-mêmes

Poppin sur l'icone d'info avec texte et image